Coup d'oeil dans l'atelier Chat

Le code de déontologie

D. Frippiat : par rapport à l'administration, nous, le centre de tout c'est de conserver l'anonymat des jeunes, ou tout au moins les données les concernant. Vous ne pouvez pas être libérés de cet anonymat concernant les données du jeune. C'est le jeune qui décide, et vous ne pouvez être libérés de cette nécessité par diligence(...) c'est-à-dire que vous devez faire un maximum pour conserver cet anonymat ; or l'idée des réseaux sociaux c'est que chacun soit au courant de ce qui s'y dit ; donc forcément ça amène des problèmes puisque, eux, visent ça. Vous ne pouvez pas faire un lieu où tout le monde voit qui a contacté l'AMO.
Donc il me semble effectivement utile d'avoir une cellule qui veille à ces changements concernant l'anonymat, et si un outil rend impossible l'anonymat, vous [devez vous abstenir d'utiliser] cet outil-là, parce que la directive première, ce sera toujours de conserver l'anonymat du jeune et son identité.
Le principal problème, et je reviens à ce qui s'est dit ce matin, c'est tout ce qui est "données qui permet une identification". C'est-à-dire que je sais que "c'est accessible pour moi de retrouver cette personne là simplement avec ce que j'ai pioché sur le site". Maintenant, vous, tout ce qui est vol de données numériques, etc; vous n'êtes pas responsable. Si vous avez sécurisé vos lignes, qu'elles ne sont normalement pas visibles, mais que quelqu'un pénètre dans votre bureau, ça arrive tout le temps, des vols physiques, ce serait la même chose.
Il s'agit d'une initiative super intéressante: l'idée c'est d'accrocher les jeunes; pour les accrocher vous utilisez leurs outils. Vous ne pouvez pas leur dire "utilise ces outils là, il a été conçu par l'administration, tu verra c'est fun", évidemment qu'il ne le fera pas. Il faut utiliser leurs outils à eux. Mais le problème c'est que vous, vous avez des objectifs, et surtout des contraintes qui sont spécifiques, et vous devez jongler entre les deux : à la fois utiliser les outils, et en même temps respecter les contraintes. C'est vrai que ce n'est pas évident, mais c'est pour ça que, s'il y a un travail, au moins avec l'administration, ce ne serait pas mal du tout.

Question : une adaptation possible du code de déontologie ?
D. Frippiat : je crois qu'il y a d'un côté la loi, les règles telles qu'elles sont inscrites comme référant, après, il y a aussi des adaptations en fonction de ce qui est fait ; et on peut travailler les limites du côté du code de déontologie. Mais le code est là pour protéger les gens, il a été conçu comme ça, et quand on voit les données qui sont véhiculées dans l'administration... Par exemple, moi, j'ai accès à tous les jeunes qui ont été traités à l'AJ à n'importe quel moment, avec les noms, date de naissance, etc, je peux m'y retrouver comme je veux.
S'il n'y a pas un code derrière qui me dit que je serais poursuivi si je livre ces informations, on a un problème.
On est dans des situations qui sont autres, ici, malgré tout. On ne peut pas dire "quel jeune va être fier [d'être en contact avec l'AMO], et quel jeune ne le sera pas". Et, à la base je suis sociologue, donc c'est mon boulot de couper les cheveux en quatre et d'imaginer la situation. Je vais prendre un simple exemple : vous croisez quelqu'un en rue, que vous connaissez, un groupe qui croise une personne et cette personne passe devant le sexshop à ce moment-là -> et l'étiquette est mise.
La personne passait par là ou en sortait peu importe ; l'étiquette est mise. Et c'est pour ça que ce matin c'est dommage qu'il n'y avait pas plus de temps pour discuter notamment après l'intervention du juriste, c'est que c'est bien de dire qu'on a des recours... je voudrais bien savoir combien de recours arrivent du privé. Pas d'une entreprise, mais le droit du privé. Une photo qui est publiée sur FB et je n'étais pas d'accord, et surtout, qu'il y a impossibilité de revenir en arrière ; une fois que vous avez été étiqueté c'est extrêmement long de s'en défaire.
Et du coup voilà, c'est le danger qu'il y a aussi, si à un moment donné voilà, vous passez pour l'AMO qui livre des informations, qui stigmatise certains jeunes. Parce qu'ils n'avaient pas envie qu'on sache qu'ils étaient en lien avec vous, et vous l'avez dit quand même.
AMO : mais c'est le jeune qui doit faire la demande, donc s'il l'a fait, c'est qu'il ètait d'accord.
D. Frippiat : mais il n'était pas nécessairement d'accord pour tous.(Cf. principe de précaution : c'est le refus qui doit être le principe de base)
AMO du collectif : oui, sur facebook il y a tous les "liens" des amis qui se font - tous les liens, même si on cache nos amis, nos amis qu'on aura en commun, on les verra ; et on aura les suggestions d'amis aussi.

Lien avec les propos de J.-M. Van Gyseghem, qui semblent, quoique dans un autre atelier, répondre aux questions de monsieur D. Frippiat sur l'exercice réel du droit à l'image : "Droit à l'image : accès et responsabilité".